Ralph Gibson,
Vu, Imprévu
Malgré un nom de famille qui aurait pu le prédestiner à cet instrument, Ralph Gibson, a attendu l’âge de 86 ans pour enregistrer son premier album de musique.
Bien que découverte par l’artiste avant l’appareil photo, la guitare n’est pas l’outil artistique professionnel mais elle a accompagné toute sa carrière.
Projet artistique hybride, Vu, Imprévu, propose des morceaux composés en dialogue à une série de photographies choisies spécialement par l’artiste.
Un album de bandes originales de photographies !!
L’idée est originale et séduisante.
Vu, Imprévu est un voyage expérimental complexe.
Comme toute expérience artistique, le but n’est pas forcément le résultat mais le chemin.
Dans cette épopée, le chemin peut être parfois chaotique, mouvementé, voire dérangeant.
En atteste Beautiful Parlor, titre le plus expérimental de 2min 30 où l’objectif est clairement de bousculer. On attend le break, la chute…en vain…comme une fin de film qui n’arrive jamais…
À la fois, inquiétantes et énigmatiques avec Arab Feluca, les ambiances peuvent être plus mélancoliques pour illustrer Carioca.
Comme un morceau de vie, avec des hauts et des bas, des moments tristes et des moments de joie.
Quand on voyage si haut, la lune n’est jamais très loin…
Sur Altar Boy ou Swimmer, on fleurte parfois en effet, avec les ballades cosmiques de Mon Safari ou Dark Side Of the Moon…
La planète peut-être plus sombre et fantomatique comme sur Ode to my imperfections qui pourrait orchestrer l’univers inquiétant des films de Tim Burton…encore une histoire cinématographique.
Certains versants sont en douceur et délicatesse, avec des séquences jazz voire free jazz, d’autres pan du relief sont plus escarpés.
L’ensemble forme une expérience unique où paradoxalement pour une musique illustrant des photographies, ce objet musical exprime beaucoup le mouvement, à la fois des corps et des esprits.
Il faut maintenant créer le film qui illustrera cette bande originale…
Comme le dit l’auteur, « la musique est un langage universel, (…) ne peut être ignorée, les oreilles n’ont pas de paupières… »
Heureux soit-on, ainsi bien faits pour se délecter d’un tel breuvage.
Pas toujours délicieux mais toujours riche et captivant.
Merci Ralph Gibson.
Texte : Nicolas Arnal
